La Légion étrangère est un corps de l’Armée de terre française disposant d’un commandement particulier et comportant plusieurs subdivisions d’arme : infanterie, cavalerie, génie et troupes aéroportées. La Légion est également indépendante du point de vue de son recrutement.
Créée en 1831 pour permettre l’incorporation de soldats étrangers dans l’Armée française, jusqu’à la fin de la guerre d’Algérie en 1962, elle fait partie du 19e corps d’armée, communément appelée sous le vocable d’armée d’Afrique.
Les traditions à la Légion étrangère constituent un ciment pour ce corps qui se traduisent à travers les détails vestimentaires, les emblèmes et symboles spécifiques, les chants et musiques, et enfin par ses fêtes particulières.
Création
La Légion étrangère est créée par ordonnance du 10 mars 1831 par le roi des Français Louis-Philippe, à l’instigation du maréchal Soult, ministre de la Guerre. Elle rassemble, à cette date, différents corps étrangers de l’Armée française, dont les gardes suisses (issus de la paix perpétuelle signée après la bataille de Marignan), le régiment suisse de la garde royale, et le régiment Hohenlohe issu du 2e régiment étranger des armées napoléoniennes. Cette troupe nouvelle est destinée à combattre hors du Royaume (en Algérie). À l’origine, la Légion étrangère ne peut combattre qu’en dehors du territoire continental du Royaume ; la Première Guerre mondiale sera la première exception.
Le 16 décembre 1839, après le passage de la Légion étrangère dans les rangs de l’Armée espagnole, Louis-Philippe décide la création d’une nouvelle Légion afin de renforcer les troupes françaises en Algérie.
Conquête de l’Algérie (1830-1849)
Créée pour combattre « hors du territoire continental du Royaume », la Légion étrangère est stationnée en Algérie, où elle participe à la conquête et à la mise en valeur du territoire. En 1832, la Légion est employée à l’assèchement des marais dans la région d’Alger.
Guerres carlistes (1835-1839)
La guerre civile déchire l’Espagne. Afin d’aider Isabelle II, Adolphe Thiers, alors ministre de l’Intérieur, réussit à convaincre le gouvernement d’envoyer la Légion étrangère en Espagne, sous les ordres du colonel Bernelle, qui devient maréchal de camp au titre espagnol. Deux jours plus tard, le 8 juin 1835, Louis-Philippe donne son accord et la Légion étrangère est cédée le 28 du même mois. Par ordonnance royale, la Légion ne fait plus partie de l’Armée française.
La Crimée (1854-1856)
Le 27 juin 1854, le Jean-Bart embarque deux bataillons du régiment. Le 3e bataillon et le dépôt du régiment partent quant à eux s’installer en Corse, à Bastia, afin d’y former le dépôt de guerre destiné à alimenter les deux régiments étrangers partis en Crimée. Les deux régiments de Légion participent, au sein de la « Brigade étrangère », aux batailles de l’Alma, le 20 septembre 1854 et au siège de Sébastopol durant l’hiver 1854-1855.
Campagne d’Italie (1859)
Comme l’armée d’Afrique, la Légion participe à la campagne d’Italie. Les deux régiments étrangers, avec le 2e régiment de zouaves, font partie de la 2e brigade de la 2e division du corps de Mac Mahon.
Expédition du Mexique (1863-1867)
Initialement, la Légion ne devait pas participer à l’Expédition du Mexique, mais une pétition de ses officiers adressée au ministre de la Guerre eut pour effet d’envoyer le régiment étranger au Mexique quoique ces officiers fussent punis par la suite.
Guerre franco-prussienne de 1870
Le 19 juillet 1870, la guerre franco-prussienne éclate entre la France et la Prusse. Cette guerre se déroule sur le sol de France, où la Légion ne devrait pas intervenir. Par ailleurs, on ne peut pas demander aux légionnaires allemands de se battre contre leur pays. Mais la situation est si critique que le gouvernement fait appel aux troupes d’Afrique.
Tonkin (1883-1885)
Le 18 novembre 1883, les 600 premiers légionnaires débarquent au Tonkin. Ils participent aux colonnes de l’amiral Courbet qui lutte contre les Pavillons noirs. Le 16 décembre, les légionnaires accomplissent leur premier fait d’armes en terre asiatique en prenant la citadelle de Son Tay. Renforcés par le 2e bataillon à partir de février 1884, les légionnaires s’emparent de la forteresse de Bac Ninh.
Après la conquête, vient la phase de pacification qui, comme en Algérie est une lutte permanente contre les bandes armées.
Dahomey (1892-1894)
En 1892, le roi Behanzin menace le comptoir de Porto Novo et la France décide d’intervenir. Un bataillon étranger de marche est constitué à partir de deux compagnies du 1er Étranger et de deux autres du 2e Étranger.
Soudan français et Niger (1892-1894)
Une compagnie de marche est formée par le 2e Étranger et transportée à Kayes afin de soumettre les sultans Ahmadou et Samory Touré. Une fois sa mission accomplie avec succès, la compagnie est dissoute à son retour à Saïda le 24 juin 1893.
Madagascar (1895-1905)
En 1895, un bataillon de marche, formé par les 1er et 2e Étrangers est envoyé à Madagascar afin de participer au corps expéditionnaire qui a pour mission de réduire l’insurrection de résistance à l’occupation et à la colonisation française .
Première Guerre mondiale (1914-1918)
Dès août 1914, des milliers d’étrangers, à l’appel de Canudo, présents en métropole ou dans les colonies, rejoignent les rangs de la Légion, afin de prouver leur attachement et leur reconnaissance à la France. Au total ce sont 42 883 volontaires, représentant pas moins de 52 nationalités, qui forment les 5 régiments de marche, où servent en majorité des Russes, des Italiens, des Suisses, des Belges et des Britanniques. Le régiment des Italiens est appelé aussi la Légion garibaldienne. À la suite des nombreuses pertes subies par ces unités et au retour de la plupart de ces premiers engagés dans leurs pays d’origine, le commandement décide, le 11 novembre 1915, la création du RMLE : régiment de marche de la Légion étrangère
Au total, plus de 6 000 légionnaires trouvent la mort sur les champs de bataille de France ou des Balkans. À titre d’exemple, le RMLE perd à lui seul 115 officiers tués, dont 2 colonels, 12 commandants et 21 capitaines.
Entre-deux-guerres
La Légion sort énormément affaiblie et désorganisée de la Grande Guerre en voyant ses effectifs considérablement abaissés. Afin d’y remédier l’état-major des armées suggère d’intégrer des éléments étrangers dans la Légion et le 18 avril 1919 une nouvelle loi abroge celle du 5 août 1915, qui permet à des étrangers de pouvoir s’engager pour une durée de 5 ans. Rapidement, le recrutement Outre-Rhin se généralise massivement avec plus de 2000 engagements en juillet 1919. Cela s’explique par le fait que les soldats allemands démobilisés n’ont pas d’autres perspectives d’avenir dans la République de Weimar entre crise économique et crise politique grave.
Maroc (1903-1956)
La Légion au Maroc est présente de 1907 à 1956. La Légion étrangère fait partie intégrante du paysage marocain où elle est présente sans interruption. Son œuvre est immense et son empreinte est encore visible aujourd’hui.
Syrie (1921-1939)
Avant la 1re Guerre mondiale, la Syrie est un vaste carrefour entre l’Orient et l’Occident, qui se compose en plus de l’actuelle Syrie, du Liban, de la Palestine et de la Transjordanie. Mosaïque de petits peuples, elle subit la férule des Turcs. À l’issue de la Grande Guerre, la Syrie est un agrégat de peuples hostiles en heurt perpétuel d’aspirations nationales et de convictions religieuses opposées et exaspérées. L’anarchie chronique passe à l’état aigu. Les accords Sykes-Picot répartissent les territoires occupés par les Turcs. Le 25 avril 1920, la Société des Nations attribue à la France le protectorat sur la Syrie actuelle et le Liban. La Palestine et la Transjordanie passent sous protectorat britannique.
Seconde Guerre mondiale (1939-1945)
Avant cette guerre, plusieurs volontaires nazis sont infiltrés dans la Légion pour la subvertir18. La déclaration de guerre du 3 septembre 1939 provoque un changement sensible au sein des effectifs légionnaires. Ainsi, les Espagnols, en grande majorité des rescapés républicains de la guerre civile, représentent jusqu’à 28 % du total ; les opposants politiques européens, réfugiés ou expulsés de leur pays d’origine (Italiens, Allemands et Autrichiens) atteignent près de 17 %.
Cette vague de nouveaux engagés permet de porter le nombre de légionnaires à 48 924 inscrits sur les rôles au 9 mai 1940. Ce chiffre ne sera jamais dépassé, pas même lors de la guerre d’Indochine. L’afflux des volontaires entraîne la création de nouvelles unités
Guerre d’Indochine (1946-1954)
Au total, de 1946 à 1954, ce ne sont pas moins de 72 833 légionnaires qui servent en Indochine. Avec plus de 10 000 morts, la Légion enregistre le taux le plus élevé en pertes humaines : près de 12 % pour les képis blancs contre moins de 7 % pour l’ensemble du corps expéditionnaire français d’Extrême-Orient. Le total des pertes est de 10 28320 « tués au combat » dont : 309 officiers, 1 082 sous-officiers, et 9 092 légionnaires. La Légion participe à la bataille de Điện Biên Phủ.
Guerre d’Algérie (1954-1962)
Sortie meurtrie du conflit indochinois, la Légion étrangère, après un passage à vide, panse ses blessures, rajeunit, améliore son recrutement et renforce sa cohésion en allongeant la durée de l’instruction. Les efforts du commandement portent leurs fruits, mais entre décembre 1960 et la révolte des généraux, une crise la frappe de plein fouet, mettant en jeu son maintien au sein de l’Armée.
Pour s’être rallié au putsch des généraux d’avril 1961, le 1er REP est dissous le 30 avril 1961 à Zeralda. Son commandant par intérim, Hélie Denoix de Saint Marc, est condamné à 10 ans de détention criminelle. Il sera gracié par le général de Gaulle le 25 décembre 1966.
L’indépendance de l’Algérie en 1962 est un traumatisme pour la Légion car elle la contraint à quitter Sidi bel-Abbès, l’un de ses centres de commandement, fondé en 1842. En partant, elle brûle le pavillon chinois qui, pris en 1884 à Tuyen Quang, ne devait pas quitter Sidi bel-Abbès, emporte la main de bois du capitaine Danjou, les reliques du Musée du Souvenir et exhume les cercueils du général Rollet (Père de la Légion), du prince Aage de Danemark et, symboliquement, du légionnaire Heinz Zimmermann, dernier tué d’Algérie, qui seront transférés à Puyloubier, près de Marseille.
Depuis 1962
Après 1962, la Légion étrangère voit son effectif réduire de 40 000 à 8 000 hommes, et le déplacement du siège du commandement à Aubagne. Entre 1969 et 1971, elle intervient au Tchad. Le général de Gaulle souhaite la dissolution de la Légion étrangère, mais son ministre de la défense Pierre Messmer, président d’honneur d’une association d’anciens légionnaires, et ancien de la 13e DBLE l’en dissuade
En 1976, réduction de la prise d’otages à Loyada (TFAI). En 1978, Sauvetage de Kolwezi au Zaïre. Durant la première guerre du Liban au début des années 1980, le 2e régiment étranger de parachutistes est chargé d’exfiltrer Yasser Arafat, pris dans une souricière à Beyrouth.
En 1991, guerre du Golfe au sein de la division Daguet et évacuation de ressortissants français et étrangers au Rwanda, au Gabon et au Zaïre. En 1992, la Légion étrangère intervient au Cambodge et en Somalie. En 1993, elle intervient à Sarajevo (ex-Yougoslavie), en 1995 au Rwanda, en 1996 en Centrafrique, et en 1997] au Congo-Brazzaville.
Depuis 2001, elle participe à la Force internationale d’assistance et de sécurité ainsi qu’à l’opération Liberté immuable (Enduring Freedom) en Afghanistan. Entre 2002 et 2003, opération Licorne en Côte d’Ivoire. En 2008, EUFOR Tchad/RCA à la frontière est du Tchad. Entre 2008 et 2012, la Légion étrangère participe à l’opération PAMIR aux opérations en Afghanistan (OMLT, GTIA Dragon du 2e REI et Altor du 2e REP, escadrons du 1°REC et compagnies génie des 1er REG et 2e REG). En 2013, le 1er régiment étranger de cavalerie et le 2e régiment étranger de parachutistes participent à l’Opération Serval au Mali.